Historique

Si les archives restent malheureusement muettes sur la date exacte de la construction car le recueil des procès -verbaux fait défaut , les registres de la Chambre Cantonale d’Assurance contre l’incendie suppléent à cette carence. On y découvre que le 25 octobre 1867, la Commune assure un bâtiment couvert de tuiles à usage de lessiverie pour un montant de CHF. 3000. Le 2 novembre 1875 cet édifice est réévalué à CHF. 3600. Il subira encore un ajustement du montant à l’occasion de la réévaluation générale des bâtiments en 1902. Tout laisse à penser que la buanderie a été construite en 1866.

Le petit édifice de la buanderie est placé symboliquement sur la ligne imaginaire qui sépare les deux localités, quelques pas à l’ouest et l’on se trouve chez les “Gaguelets”, quelques pas à l’est et l’on est sur les terres des “Couennes de lard”. La buanderie est le symbole même de l’union entre les deux villages : Chézard et Saint-Martin. Vers 1866, on construisit la buanderie et on y installa deux chambres à lessive, on posa un bassin devant le bâtiment et on creusa de chaque côté deux fosses de récupération des cendres. Chaque creux aura un cadre en bois. Le travail fut confié à Auguste Louis Tripet pour le prix de CHF. 20.

Dès 1868, des habitants achètent des cendres contenues dans les creux pour les épandre sur leur jardin. Le bâtiment permet de faire deux lessives en même temps. En 1871, le règlement adopté stipulait que:

  • Les lessives étaient interdites dans les maisons privées qui n’avaient pas de buanderie.
  • Avant de faire la lessive, il fallait s’inscrire pour une période de trois jours au maximum.
  • Les locaux devaient être libérés à 15 heures en hiver et à 16 heures en été.
  • Les cendres appartenaient à la Commune.
  • L’inscription coûtait 20 centimes aux natifs du village et 50 centimes aux non-communiers.

La buanderie joue un rôle social, domaine presque exclusivement réservé aux femmes, lieu de nouvelles, de cancans, des coups de gueule, voire des bagarres et des crêpages de tignasses.

Une observation rapide du bâtiment témoigne de l’activité ancienne. L’architecture du bâtiment est remarquable sous un toit en demi croupe de tuiles plates. Deux grandes portes rectangulaires qui s’ouvrent sur les deux anciennes chambres à lessive. Sur la façade principale, deux coupe-vent protègent les entrées. Sur les façades latérales, des fenêtres éclairent les locaux.

A l’intérieur, dans la partie ouest, on retrouve encore un bassin de pierre avec un écoulement en forme. Le dallage en deutes (dalles nacrées du Callovien, couche calcaire dont les plaques recouvrent les anciens fonds de cuisine dans les fermes) est remarquable avec la particularité d’être creusé de deux rigoles d’écoulement. L’emplacement du foyer est net. On trouve encore l’infrastructure en pierres taillées surmontées jadis du manteau de cheminée. Le plafond est fait de lambris gypsés. Une armoire est encastrée dans le mur ouest.

Dans la seconde buanderie, à l’est, on retrouve le fond de dalles nacrées, les gorges d’écoulement, l’armoire. Un renflement dans le mur mitoyen suggère l’emplacement du feu au milieu du bâtiment, Les fenêtres donnent sur le côté, celle de l’est est murée, mais les tailles sont visibles.

L’extérieur est mieux connu, on peut admirer les paravents en pierre de taille. Les portes sont assez quelconques. Un avant toit protège les entrées, le berceau est formé de quatre larges planches (l’une d’elle a été remplacée fin 2012). Le sol est recouvert de lâve (matière visqueuse) comme à l’intérieur. Au sol, entre les portes, se trouve un puits avec les boucles de fer forgé scellées dans le couvercle de pierre.

La buanderie représente un élément historique de Chézard et Saint-Martin.

– Françoise Sandoz

Sources:

  • Maurice Evard: “Chézard-Saint-Martin Chronique d’une communauté villageoise”
  • Archive de Chézard-Saint-Martin